Pays cherche bâtisseurs

En résumé

C’est fait, l’annonce tant redoutée est tombée hier: le Conseil fédéral tire la prise de l’accord cadre institutionnel.

C’est fait, l’annonce tant redoutée est tombée hier: le Conseil fédéral tire la prise de l’accord cadre institutionnel. Ce sont des années de négociations qui partent en poussière, et la relation de confiance avec notre principal partenaire qui prend l’eau.

On entend des voix pour dire qu’après l’échec de l’Espace économique européen, la Suisse a bien trouvé une voie alternative pour consolider ses relations avec l’Union européenne: les accords bilatéraux. C’est vrai. Mais c’est précisément cette voie, qui est déjà un plan B, qui est affaiblie aujourd’hui. Car avec la décision d’hier, les accords passés ne pourront être réactualisés et s’éteindront à mesure qu’ils seront en décalage avec le développement du droit. Quant aux nouveaux accords que notre pays souhaitait conclure, ils sont morts dans l’œuf.

Mais surtout, l’Union européenne de 2021 n’est plus celle de 1992. Elle s’est élargie, avec de nouveaux membres qui ont, historiquement et dans les faits, moins de relations étroites avec la Suisse et donc moins de compréhension pour ses demandes. Et la Suisse de 2021 n’est plus celle de 1992. Elle est aujourd’hui bien davantage qu’hier composée de minorités, qui s’additionnent pour contrer les projets. En sus des traditionnels adversaires de l’ouverture, l’accord cadre a fait les frais des revendications syndicales, qui, en voulant protéger les salaires, vont contribuer à fragiliser l’emploi. Belle réussite. Il a également été victime de la «stratégie» du Conseil fédéral. Entre peur du débat, opposants naturels à l’Europe et tactique personnelle pour assurer son fauteuil gouvernemental, l’accord cadre avait finalement peu de chance de s’en sortir. Le pire dans cette triste conclusion est l’impression inquiétante que le Conseil fédéral n’a pas la moindre idée de la façon dont il entend conserver et développer ses relations avec l’Union. Les gesticulations pour dire que nous restons ouverts au dialogue ne permettent pas de nous rassurer. Claquer la porte au nez de son principal partenaire n’est pas la meilleure façon de prouver sa volonté de dialoguer.

Aujourd’hui, il s’agit de se remettre autour de la table. Les partis, les partenaires sociaux et le gouvernement doivent mettre de côté leurs postures dogmatiques et se rappeler ce qui a fait le succès de la Suisse pour retrouver rapidement la voix de la raison et le chemin du compromis.