Relations internationales

Les enjeux

Le dispositif bilatéral patiemment construit avec l’Union européenne s’érode lentement, suite à la décision du Conseil fédéral de ne pas signer l’accord institutionnel avec Bruxelles. Au cœur du continent européen, la Suisse doit rétablir des relations stables et durables avec son principal partenaire et redémarrer à cette fin des négociations le plus rapidement possible. Il faut aussi poursuivre le développement des relations économiques avec les Etats tiers et défendre le multilatéralisme fragilisé par la hausse des tendances protectionnistes et le repli sur soi. 
L’Union européenne (UE) est le principal partenaire commercial de la Suisse et le premier client des entreprises suisses. Elle est aussi incontournable dans de nombreux autres secteurs: recherche, mobilité, sécurité, environnement ou santé publique. Les deux partenaires sont unis par la défense de valeurs communes dans les instances multilatérales. La Suisse partage ainsi avec l’UE une communauté de destin. Une détérioration des relations n’est pas tenable. Or la voie bilatérale avec l’Union européenne, plébiscitée par la population suisse, s’érode lentement. La décision du Conseil fédéral de ne pas signer l’accord cadre au printemps 2021 provoque de nombreuses conséquences, principalement dans les domaines suivants :
  • Une actualisation des accords bilatéraux existants ne peut en principe plus avoir lieu puisque l’UE a signalé ne plus approuver les modifications nécessaires des accords concernés. L’absence d’actualisation du chapitre sur les dispositifs médicaux de l’accord bilatéral sur les obstacles techniques au commerce en est un exemple. Il existe donc un risque d’érosion des accords existants dont l’ampleur dépend du développement du droit de l’UE.
  • L’UE a également annoncé qu’elle serait très réticente en ce qui concerne la conclusion de nouveaux accords tant qu’une solution pour les questions institutionnelles n’était pas trouvée.
  • Le droit de l’UE connaît des clauses d’équivalence ou d’adéquation dans une multitude d’actes juridiques qui concernent différents produits (p.ex. les médicaments) et services (p.ex. les assurances ou les services financiers). En principe, la décision d’équivalence ou d’adéquation est une décision unilatérale, prise en général par la Commission européenne. L’UE peut refuser dans certains cas cette reconnaissance d’équivalence ou d’adéquation avec des implications potentiellement considérables pour la Suisse et les acteurs économiques suisses. Ainsi, l’UE n’a accordé l’équivalence boursière à la Suisse que jusqu’à fin juin 2019 sans prolonger celle-ci. Le Conseil fédéral a dû mettre en place des mesures spécifiques pour protéger l’infrastructure boursière suisse.
Lors de sa séance du 15 décembre 2023, le Conseil fédéral a approuvé un projet de mandat de négociation avec l’Union européenne. L’accès sans obstacle au marché européen est le pilier du paquet de négociation. Il s’agit d’assurer l’actualisation des accords existants sur le marché intérieur et de conclure de nouveaux accords sectoriels dans les domaines de l'électricité et de la sécurité alimentaire. Les questions institutionnelles seront réglées directement dans les accords sur le marché intérieur. L’adoption de règles sur les aides d’État est prévue dans les accords sur le transport aérien, les transports terrestres et l’électricité.
Le paquet prévoit également un accord sur la coopération en matière de santé ainsi que la participation systématique aux programmes de l’UE, notamment dans les domaines de l’éducation et de la recherche (à l’exemple d’Horizon Europe et Erasmus+). Enfin, une contribution suisse régulière à la cohésion au sein de l’UE fait partie du paquet. Les négociations commenceront lorsque le mandat sera définitivement approuvé, après consultation du Parlement et des cantons.

Les priorités de la FER Genève

  • Rétablir des relations constructives et durables avec l’Union européenne, qui permettent d’assurer un accès sans discrimination au marché intérieur européen et le développement de nouveaux accords bilatéraux. Le règlement des questions institutionnelles est dans ce but une nécessité.

  • Développer le réseau d’accords de libre-échange avec des Etats tiers.

  • Renforcer le dispositif multilatéral en matière de commerce international.

« Pour l’essentiel, l’UE et la Suisse partagent les mêmes valeurs politiques : un engagement inconditionnel en faveur des droits de l’homme, d’une société ouverte et libérale, d’une démocratie pluraliste garantissant la liberté d’expression et la liberté des médias, et du libre-échange en tant que facteur de prospérité et de sécurité. Ces aspects revêtent une importance toute particulière aujourd’hui, alors que la guerre fait rage et que l’on observe une montée des régimes autoritaires. » Conseil fédéral, Communication sur le projet de mandat de négociation avec l’UE, décembre 2023
Un des accords bilatéraux les plus importants est celui sur la libre circulation des personnes. En vigueur depuis une vingtaine d’années, il répond aux besoins des entreprises suisses.
Dans ce contexte, il s’agira de refuser l’initiative populaire «Pas de Suisse à 10 millions!», (initiative pour la durabilité)» qui prévoit de mettre fin à la libre circulation, dès que la population aura atteint le seuil de 9,5 millions de personnes en Suisse. A cause de la clause guillotine, la résiliation de l’accord sur la libre circulation des personnes entraînerait celle de l’ensemble des accords bilatéraux I.
La Suisse entretient des relations étroites avec l’UE mais elle est aussi fortement intégrée dans l'économie mondiale. Au vu de la taille de son marché intérieur, sa prospérité dépend en grande partie des échanges commerciaux de biens et de services ainsi que des investissements internationaux. Un accès facilité aux marchés étrangers est dès lors indispensable. La Suisse dispose actuellement, outre la Convention de l’Association européenne de libre-échange (AELE) et l'accord de libre-échange avec l'UE, d'un réseau de trente-trois accords de libre-échange qui doit encore être développé. Le Conseil fédéral pourrait adopter ces prochains mois le message relatif à l’accord de libre-échange entre l’AELE et les États du Marché commun de l’Amérique du Sud (Mercosur). Avec ses 260 millions d’habitants, le Mercosur est un marché important pour les exportations suisses, avec un fort potentiel de croissance. Le Conseil fédéral adoptera en 2024 le message relatif à l’approbation de l’accord de libre-échange entre l’AELE et la Moldavie. Des accords de libre-échange entre les États de l’AELE et le Vietnam, la Malaisie, la Thaïlande et le Kosovo pourraient aussi prochainement être conclus.
Enfin, pour des économies ouvertes comme la Suisse, promouvoir les règles et normes internationales et la résolution multilatérale des problèmes globaux reste la meilleure option. Le pays doit poursuivre son engagement pour développer les réponses multilatérales aux enjeux actuels, notamment au sein de l’Organisation mondiale du commerce. Il s’agit de soutenir la Genève internationale, centre de diplomatie multilatérale et de compétences en matière de coopération, qui constitue un très bel atout pour la Suisse.

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