Merci aux plus riches!

En résumé

ÉDITO

A quelques mois

des élections cantonales au Grand Conseil et au Conseil d’Etat, les partis affûtent leurs armes et font tout pour faire parler d’eux. Les sujets fiscaux sont particulièrement prisés. Entre la droite qui entend baisser les impôts de la population de 5% et la gauche qui veut les augmenter de 12%, imposer les dividendes à 100% ou augmenter l’impôt sur la fortune – ce qui frapperait notamment l’outil de travail des entreprises – chacun y va de sa recette. Toute cette agitation serait fort amusante à observer si elle n’était pas lourde de conséquences. Chasser les contribuables qui participent à l’effort collectif est un jeu dangereux. 

L’Etat de Genève

dispose de dix milliards de francs pour servir sa population de cinq cent mille personnes. C’est énorme. A titre de comparaison, la région Auvergne-Rhône-Alpes, économiquement très dynamique et comptant huit millions d’habitants, dispose d’un budget de 2,5 milliards d’euros. Pourtant, ces recettes ne suffisent pas à Genève, dont les budgets, année après année, affichent un déficit. Les dépenses par habitant et par année s’élèvent à 24 000 francs à Genève, contre 15 000 francs à Zurich et 17 000 francs dans le canton de Vaud, alors que ce sont des cantons comparables en termes d’infrastructures (universités, hôpitaux universitaires, transports publics, aide sociale, etc.).

Seul le canton de Bâle-Ville coiffe Genève au poteau, avec mille francs de plus par année et par habitant. D’où viennent ces différences? Dans le détail, Genève est particulièrement dépensier pour la culture (660 francs par habitant et par an, soit 20% de plus que Bâle-Ville) et le social (1923 francs par an et par habitant, soit 1,5 fois plus que Bâle-Ville et que Vaud, et deux fois plus que Zurich).

Entre 1998 et 2021,

la population genevoise a augmenté de 27% et les charges de l’Etat de 82%. Celui-ci dépense donc trois fois plus que l’augmentation de sa population. Ces charges ont pu être absorbées par des recettes fiscales en hausse de 121%, provenant dans une très large mesure des personnes morales, donc des entreprises. Au vu de ces chiffres, on comprend mal l’obstination de certains à vouloir alourdir la charge fiscale. Si on considère l’impôt sur le revenu, on constate que 4,2% des contribuables en paient 50,6%, alors que 36% n’en paient pas du tout. Pour ce qui est de l’impôt sur la fortune, qui est le plus élevé de Suisse, 1,3% des contribuables en paient 70%.

Que disent ces chiffres? Que Genève connaît manifestement une crise de dépenses et non de recettes. Celles-ci dépendent d’une portion congrue de contribuables. Il faut les remercier et non vouloir les chasser à coup d’initiatives agressives et de projets de loi passéistes. Sans eux, Genève péricliterait. Ce serait fort dommage, surtout pour la partie de la population qui a le plus besoin de soutien.